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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/210

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

soutenus dans la lutte par les critiques favorables aux idées réformatrices du novateur allemand, leurs œuvres trouvaient asile chez l’éditeur des partitions françaises de Wagner : il n’en fallait pas plus pour accréditer une légende. Quand, par un bonheur inespéré, ils parvenaient à se produire au théâtre, s’ils cherchaient à soumettre les formes de l’opéra-comique ou de l’opéra au respect de la vérité scénique, on les accusait de proscrire le chant, de bouleverser le genre éminemment français. D’ailleurs, un musicien habile dans le maniement de l’orchestre, était par cela même réputé pauvre d’invention mélodique et on le conjurait de fuir l’école du « civet sans lièvre » pour revenir aux traditions d’Auber et d’Adam.

Il serait long d’énumérer les victimes du spectre wagnérien.

Dès le mois de septembre 1869, première apparition du spectre à l’occasion du Dernier jour de Pompéi de M. Joncières. Le musicien, d’ailleurs, s’était rangé de lui-même parmi les adeptes de Wagner, dès 1860, en rompant ouvertement avec Leborne, son professeur de composition au Conservatoire, à propos d’une discussion sur les concerts du Théâtre-Italien et, plus récemment, en allant entendre Les Maîtres-Chanteurs, à Munich.

Bizet écrivait, le 17 juin 1872, après la représentation de Djamileh[1] : « La rengaine Wagner conti-

  1. À ce propos, je recommande aux musiciens la lecture des notices du dictionnaire Larousse sur Djamileh et la Princesse