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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/213

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à l’auteur du Roi de Lahore et à M. Saint-Saëns qui vient de faire jouer le Timbre d’argent. — « Une série de suites d’orchestre découpées en scènes, » écrivait Paul de Saint-Victor sur le Timbre d’argent. Rien de plus absurde que cette critique adressée à une partition où les formes les plus conventionnelles de l’Opéra sont adoptées, où l’on trouve un brindisi, des airs à vocalises et jusqu’à une chanson napolitaine ! En 1878, M. Joncières est malmené pour sa Reine Berthe et, en 1879, Étienne Marcel, bien que jugé plus favorablement, provoque les mêmes restrictions. En réponse à un article de M. Super dans l’Univers, blâmant « nos jeunes maîtres » d’avoir accepté la mission « d’aller et d’enseigner par le monde la bonne nouvelle wagnérienne, » M. Saint-Saëns, au mois d’août 1880, réfuta ces allégations par une lettre fort vive[1] dans laquelle il protestait de son dévouement à la gloire de l’école française et se défendait d’être un apôtre de la religion de Bayreuth.

Depuis quelques années, la presse ne rabâche plus cette antienne. Elle s’est en partie renouvelée, certains critiques arriérés ayant cédé la place à des rédacteurs musicaux plus compétents. L’un de ces compositeurs pestiférés est mort et ses œuvres, aujourd’hui, n’excitent plus que l’enthousiasme. D’autres sont entrés à l’Institut et cette consécration officielle de leur talent les rend inviolables ; quel-

  1. On trouvera cette lettre à la fin du volume de M. C. Saint-Saëns, Harmonie et mélodie.