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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/215

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à un ouvrage qu’il destinait à notre scène et qui serait accueilli avec sympathie quand il serait présenté. Puis, Victor Massé s’en mêla, pour déclarer que l’on ne devait pas représenter « sur nos théâtres nationaux et subventionnés des ouvrages d’un compositeur prussien, quelle que soit d’ailleurs la sympathie que l’on éprouve pour sa personne et son talent. »

Paul Lafargue, courriériste théâtral du Figaro, ajoutait en insérant la lettre de Victor Massé, que Flottow « est tellement Mecklembourgeois, pour ne pas dire prussien, qu’il a grand’peine à s’empêcher de dire tout le mal qu’il pense de la France. » Dans le même journal, le 23 août, M. Albert Millaud s’indigna vivement contre ce prétendu patriotisme qui consiste à proscrire un homme de talent parce qu’il est étranger.

Aux allégations perfides Flottow répondit par une lettre adressée à la Gazette musicale (no du 7 septembre). Le meilleur argument qu’il pût invoquer en sa faveur, c’est la reprise de l’Ombre à l’Opéra-Comique, en 1871, aussitôt après la guerre. Dans la Chronique musicale du 1er septembre, M. Arthur Heulhard, s’emparant à son tour de l’incident, résumait la polémique, reprochait à Flottow ses opinions anti-françaises et le comparait à Wagner qui, dans son ouvrage Art allemand et politique allemande, a fort maltraité la France et l’art français. Il donnait, à l’appui de ce parallèle, de nombreux extraits de cette publication gallophobe.