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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/248

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de Wagner sous des titres et des noms supposés et de la faire appplaudir ainsi par ceux qui la sifflaient.

Par une contradiction fréquente dans le journalisme, le Gaulois, qui faisait appel au bras séculier et réclamait l’aide de la police, non pour expulser les siffleurs, mais pour proscrire Wagner des Concerts du dimanche, s’indignait en même temps de la brutalité du parterre marseillais, accusé d’avoir tué sous les sifflets une jeune chanteuse qui n’avait pas eu le don de plaire à cet incorruptible aréopage.

En réalité, Mlle Priola, qui avait quitté l’Opéra-Comique après une brillante carrière commencée en 1869 au Théâtre-Lyrique, dans Rienzi, est morte à Marseille d’une fièvre typhoïde. Ce sont les premières atteintes de la maladie qui l’avaient rendue inférieure à elle-même et par suite indigne de la faveur du public du Grand-Théâtre, le plus grossier de tous les publics du Midi. La mort de Mlle Priola devait assurément inspirer des regrets à ceux qui l’avaient applaudie dans le rôle de Philine de Mignon, dans le Domino noir et dans Suzanne des Noces de Figaro. C’était une actrice gracieuse et spirituelle, douée d’une jolie voix, une jeune et charmante femme, blonde, très élégante, s’habillant fort bien à la ville, très assidue aux courses d’Auteuil et de Longchamps.

Mlle Priola fit battre, à cette époque, bien des cœurs de collégiens, et les attendrissements des journalistes sur sa fin prématurée émurent les âmes