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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/324

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dant, tant à cause du nom de l’auteur que de l’influence exercée par les conclusions de sa chronique, je dois rappeler l’étrange attitude prise dans le débat par M. Albert Wolff. Dans le Figaro du 10 décembre, cet ennemi juré de R. Wagner, qu’on s’imaginait avoir désarmé depuis la mort du maître, avec un patelinage doucereux de médecin pour dames, supplia M. Carvalho, dans son propre intérêt, de ne pas braver plus longtemps l’opinion, sut lui faire craindre une descente dans la rue de 50,000 électeurs patriotes (où diable les prenait-il ?), conduits par une vingtaine de meneurs, et le conjura de ne pas troubler l’ordre dans Paris. « Vous verrez se reproduire les scènes scandaleuses de l’incident Van Zandt, avec cette différence que, cette fois, l’émeute se fera au nom du patriotisme, irréfléchi tant que vous voudrez, mais encore respectable jusque dans ses égarements… L’heure n’est pas encore venue de tenter l’entreprise que vous avez rêvée… Laissez faire le temps, etc… » On ne pouvait en même temps afficher plus de déférence pour le chef-d’œuvre et trahir plus ouvertement de vieilles rancunes[1]. Quant à Lohengrin, c’était, pour em-

  1. Cela n’a pas empêché M. Albert Wolff, par récente palinodie, de se constituer le défenseur de Wagner contre M. Ch. Grandmougin, dont la pièce de vers : À Berlioz, récitée au pied de la statue inaugurée le 17 octobre dernier, avec de terribles roulements d’yeux et d’une voix grosse de colères, par M. Sylvain, — contenait une allusion patriotique destinée à forcer les applaudissements :

    Toi qui sus avant lui réformer et souffrir !

    Sur un ton d’assurance bouffonne, M. Albert Wolff accusait