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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/45

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

Même, par protection spéciale, il avait été admis à composer une ronde : Descendons, descendons la Courtille ! pour un vaudeville de Dumersan qu’on répétait aux Variétés, « mais cette ronde était si difficile que les choristes du théâtre ne purent jamais se la fourrer dans la tête. On chercha donc, dit M. E. Reyer, un compositeur plus ami de la simplicité, de la trivialité peut-être,… et on le trouva. » Il habitait Meudon, par économie, et travaillait dans la maison Schlesinger. Ceux des contemporains qui l’ont connu alors, ont gardé le souvenir d’un homme aigri, mécontent de tout, grincheux et difficile à vivre. Certes, pendant cette période, Wagner dut éprouver bien des dégoûts et le souvenir de ses premiers déboires a contribué peut-être à lui faire prendre en grippe l’art et l’esprit français, mais est-il le seul musicien qui ait passé chez nous par de pareilles épreuves ? — L’indignation rétrospective qui saisit certains de ses admirateurs au sujet de l’injustice du sort à son égard pendant son premier séjour à Paris, me semble un peu puérile.

En 1840, pour les Parisiens, Wagner était le premier venu ; près des éditeurs ou des directeurs de théâtre, il n’avait aucun titre à être mieux traité qu’un prix de Rome. Personne, à cette époque, ne prévoyait les hautes destinées de cet Allemand hargneux, insociable, qui écorchait le français et déblatérait contre tout le monde. Ces travaux de métier, d’ailleurs maigrement rétribués, devaient paraître horripilants à l’orgueil de Wagner, mais parmi nos