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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/64

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

bientôt appeler de cette terrible sentence au jugement des Parisiens.

Après avoir donné plusieurs grands concerts consacrés à l’audition de ses œuvres au théâtre de Zurich en 1853, il espéra, dit Mme Bernardini, que la réputation qu’ils lui auraient acquise lui permettrait de se faire jour à Paris ; il alla rejoindre Liszt à Bâle, et fit avec lui un nouveau voyage à Paris sans succès d’ailleurs (octobre 1853). Ce renseignement est confirmé par les souvenirs de Damcke[1], qui, ayant lu quelque part que le Tannhœuser allait être traduit en français, fit observer à Wagner, auprès duquel il se trouvait à Zurich, en 1856, qu’en consentant à une traduction de son libretto, il se plaçait en contradiction avec ses principes.

— « Vous avez parfaitement raison, répondit Wagner ; je vous jure que l’idée d’une traduction ne m’est jamais venue et que si on me la proposait, je n’y consentirais pas. »

« Après une dénégation aussi formelle, mon étonnement fut extrême lorsque, dans le poème de Tannhœuser, qui se trouvait parmi les livres que Wagner m’avait envoyés, je découvris les traces d’une traduction française entre les lignes. On avait donc songé à une traduction ; on y avait même travaillé ! Mais alors, pourquoi cette dénégation énergique ?

« J’ai su plus tard que le Grand Opéra de Paris

  1. Une visite à Wagner, article publié dans la Gazette musicale du 9 janvier 1876.