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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/66

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

de gens de lettres, le directeur du théâtre de Wiesbaden donna, pour les journalistes français venus dans sa résidence, une représentation de cet opéra. Th. Gautier et M. Ernest Reyer, après avoir assista à cette représentation, envoyèrent un feuilleton théâtral, l’un au Moniteur[1], l’autre au Courrier de Paris, où il rédigeait alors la critique musicale. Cette première audition, car on ne connaissait encore à Paris de Tannhœuser que l’ouverture, exécutée, une seule fois et sans succès, par la société Sainte-Cécile, parait avoir beaucoup frappé les deux lundistes en villégiature.

Le feuilleton de Th. Gautier, très enthousiaste, s’attache à détruire les préventions semées dans les esprits contre le chef de la nouvelle école. — « Nous nous figurions un génie compliqué et furieux… » Rien de semblable, c’est l’épithète romantique qui a causé cette confusion. « En Allemagne, elle n’a pas le même sens qu’en France, elle signifie retour au Moyen-Âge. » Avec une clarté merveilleuse, il explique qu’un peintre romantique allemand n’a rien d’un Delacroix, mais qu’il s’inspire des maîtres gothiques. » Donc, l’opéra Tannhœuser, très romantique dans le sens allemand, ne l’est que très peu ou pas du tout pour nous. »

Après avoir exposé le sujet du poème, Gautier apprécie ainsi les principaux morceaux. — « Cette marche (le chœur des pèlerins), nécessairement

  1. 29 septembre 1857.