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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/68

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

son feuilleton, maladroitement employé des termes techniques pris à contresens, M. Reyer[1] étudia la partition de Wagner en homme de métier, exemple de pédanterie et de parti pris. L’analyse qu’il donna de Tannhœuser est plus complète, plus sérieuse et plus exacte, son appréciation est aussi plus sensé et plus judicieuse que les comptes rendus publié par les journaux de Paris, après la représentation à l’Opéra. Il accorde des éloges aux morceaux qui ont toujours été applaudis, même dans la salle de la rue le Peletier, mais il fait d’autres découvertes — « Je me suis, dit-il, senti électrisé par le magnifique duo d’amour chanté au commencement du second acte par le chevalier Tannhœuser à Élisabeth. Dans le finale de cet acte, le compositeur s’est élevé aux hauteurs les plus sublimes de l’art dramatique. »

Citons encore cette observation, d’une rare bonne foi. — « On a adressé entre autres reproches à M. R. Wagner celui d’abuser des cuivres et des instruments à percussion. C’est une erreur. Il n’y a dans le Tannhœuser que trois coups de grosse caisse frappés à la fin de l’ouverture et qui, précisément parce qu’ils sont isolés et amenés d’une manière intelligente, donnent à la péroraison de cette page symphonique une majestueuse sonorité. »

Cependant M. Reyer, pas plus que Berlioz du reste, ne rendit compte dans son journal de l’au-

  1. Courrier de Paris du 30 septembre 1857.