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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/70

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

un silence religieux cette œuvre étrange, il a même applaudi, ce qui est très poli de sa part. » Le critique reconnaît pourtant que Wagner « possède la science de l’orchestre et en tire de vigoureux effets. »

Si mauvaise que soit cette analyse, elle n’égale pas en incohérence le compte rendu de G. Chadeuil dans le Siècle du 10 février 1858. « Les bassons entonnent d’abord un motif dont le principal tort est d’être tombé depuis longtemps dans le domaine public ; les violoncelles s’unissent bientôt aux bassons, puis ce sont les contrebasses et les violons. Et quand le motif a tour à tour été pris et repris par ces instruments, il s’éteint comme s’il était affecté d’une maladie de poitrine et le hautbois a l’air de festoyer son agonie. Plus loin, on remarque une harmonie très diffuse ; puis un passage où les clarinettes attaquent un autre motif d’un rythme étrange ; puis apparaît un trait de violon des plus bizarres. Enfin, après le développement à perte de vue de ce trait, le premier motif est redit par les cors et les bassons et tout l’orchestre s’anime et part à grand fracas.

« À travers ce bruit, on entrevoit de loin en loin une idée fraîche, il y a des éclairs dans ce ciel noir ; mais l’ensemble est peu agréable. »

En cette même année, Le Siècle, dans un article intitulé : Un cénacle à Weimar, mit en scène et malmena sans esprit les apôtres de la musique de l’avenir, Wagner et Schumann, ainsi que leurs disciples, Liszt et Hans de Bulow (1858).