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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/74

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

là seulement que je pouvais trouver l’atmosphère qui était si nécessaire au succès de mon art, cet élément dont j’avais tant besoin. Je ne pouvais réussir à faire exécuter mes ouvrages avec la troupe allemande que j’avais choisie pour eux. »

Il dut se résigner à aller de nouveau solliciter les directeurs de théâtres. Il se logea d’abord rue de Matignon ; c’est là qu’il fit entendre un soir à M. Carvalho, directeur du Théâtre-Lyrique, la partition de Tannhœuser. L’auteur eût mieux fait, pour cette lecture, d’avoir recours à un accompagnateur quelconque. Mauvais pianiste, « Wagner se débattait[1] avec le formidable finale du deuxième acte ; il chantait, il criait, il se démenait, il jouait des mains, des poignets, des coudes, il écrasait les pédales, il broyait les touches. Au milieu de ce chaos, M. Carvalho restait impassible comme l’homme d’Horace, attendant avec une patience digne de l’antique que le sabbat fût fini. La partition achevée, M. Carvalho balbutia quelques paroles de politesse, tourna les talons et disparut. »

Au bout de quelques mois, Wagner s’installa rue Newton, près de l’Arc de Triomphe, dans un joli hôtel démoli depuis. À ses réceptions du mercredi, on rencontrait Fr. Villot, conservateur des musées impériaux, auquel fut dédiée sa Lettre sur la musique, M. Émile Ollivier et Mme Ollivier[2], « cette

  1. La Nouvelle Allemagne musicale ; Richard Wagner, par A. de Gasperini.
  2. M. Ém. Ollivier avait épousé en premières noces Blandine Liszt.