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Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/87

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RICHARD WAGNER JUGÉ EN FRANCE

pour cette beauté, cette unité de l’œuvre qui, à son tour, dispensera à chacune des parties cette plénitude de vie qui est en elle. » Il donne le compte rendu du premier concert le 29 janvier et, le 12 février, analyse avec soin chaque morceau du programme. Il formule une opinion favorable, — chose rare, sur le prélude de Tristan et Yseult et, à ce sujet, développe en une longue paraphrase une opposition d’idées qui n’est peut-être pas celle que le compositeur a eue en vue.

Le rédacteur musical de la Revue européenne[1], Émile Perrin, rend compte des concerts de Wagner en termes très élogieux. « Cette musique s’adresse aux sentiments les plus élevés, elle agit puissamment sur l’imagination, elle est facilement perçue par l’intelligence : elle va droit au cœur de la foule. Telle elle a été comprise en Allemagne, telle nous l’avons, du premier jour, admise parmi nous. Avec son admirable instinct de justice, notre public n’a voulu voir en M. R. Wagner que l’artiste et ne l’a considéré qu’au point de vue du compositeur. Les tendances, les théories, le système de M. Wagner, peu lui importait… » Il défend très nettement le maître allemand du reproche de manquer de mélodie. « Le plan de chaque morceau, savamment disposé, est suivi avec précision. La phrase mélodique se dégage avec clarté. Franchement posée, elle est traitée avec une habileté extrême et une ténacité que

  1. Numéro du 15 février 1860.