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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/22

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été confiée, sur la proposition de Léon Leroy, au ténor Gustave Roger ; éloigné du théâtre, par suite d’un accident de chasse qui nécessita l’amputation d’un bras, l’artiste vivait retiré en son château de Villiers-sur-Marne. Roger avait traduit le premier tableau du premier acte et l’avait chanté d’un bout à l’autre au compositeur émerveillé[1]. Mais il dut renoncer à la tâche entreprise, soit à cause de ses occupations, soit parce que sa lenteur irritait Wagner. C’est alors qu’Edmond Roche fut chargé de la traduction. Rendons ici la parole à M. Sardou.

« La traduction du Tannhæuser prit à Roche une année entière du travail le plus assidu, le plus exténuant ; il y prodigua ses jours et ses nuits. Il faut l’avoir entendu raconter tout ce que lui faisait souffrir l’exigence de ce terrible homme, comme il l’appelait. Le dimanche, jour de repos à la douane, était naturellement celui que Wagner accaparait pour sa traduction.

« Quel congé pour le pauvre Roche ! « À sept heures, me disait-il, nous étions à la besogne, et ainsi jusqu’à midi, sans répit, sans repos : moi, courbé, écrivant, raturant et cherchant la fameuse syllabe qui devait

  1. Voir l’article de Léon Leroy dans les Bayreuther Festspielblätter in Wort und Bild. Munich, 1884.