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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/76

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sique moderne, aux dépens de l’harmonie, qui formait autrefois la base de l’édifice. La comparaison tirée de la mélodie de la forêt[1] est naturellement tournée en ridicule. Quant au système de Wagner sur la fusion dans le drame de la poésie et de la musique, il lui semble devoir « anéantir l’opéra au lieu de le régénérer ».


Or, l’invention de M. Wagner consiste à faire de l’opéra une symphonie instrumentale avec accompagnement obligé de chanteurs. Mais est-ce qu’un chanteur sur la scène n’intéressera pas toujours plus qu’un musicien dans l’orchestre ?


Ce système, destructif du drame, sera funeste à la musique pure, car, « au fur et à mesure que l’action avance, les personnages expriment nécessairement des sentiments différents, et la musique qui les exprime est obligée de changer de caractère. Par conséquent, plus d’unité de sentiment et plus de développement possible d’une idée musicale mère ». Le système du drame lyrique imaginé par Wagner est donc condamnable au double point de vue du drame et de la musique… « M. Wagner

  1. Le 19 mars, dans son feuilleton de l'Opinion nationale, Azevedo avait déjà fait ce mot : — « Le nom que donne lui-même M. Wagner à sa musique mélodie de la forêt restera, car dans cette musique on est volé comme dans un bois. »