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Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/94

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Il est aussi le seul à avoir compris le récit du pèlerinage de Tannhæuser.


Cette scène accuse une rare connaissance de l’effet dramatique, un sentiment profond de la vérité de la déclamation et du chant expressif, une habileté consommée dans l’art de manier les contrastes, de créer des motifs d’accompagnement bien caractérisés qui, par leur opposition et leur développement, concourent avec la voix à produire une impression saisissante et à éveiller dans l’auditeur les sentiments les plus divers, tels qu’ils doivent répondre à la situation dramatique.


Pour la seconde représentation de Tannhæuser, qui fut renvoyée au lundi 18 mars, par suite d’une indisposition de Niemann[1], Wagner avait autorisé la direction à faire des coupures dans sa partition. « Pour cela, écrivait-il à A. Royer dans une lettre qui a été publiée en fac-similé par M. Ad. Jullien, vous me regarderez comme si j’étais mort[2]. » Par suite, on avait supprimé le

  1. La France musicale, journal d’Escudier, éditeur de Verdi, annonçait triomphalement, le 17 mars, que le mercredi 15, le Trouvère avait remplacé Tannhæuser.
  2. « Je vous ferai observer, écrivait A. Royer au ministre, le 17 mars, qu’il est très difficile de faire retrancher telle ou telle partie de son œuvre à un homme aussi convaincu de son mérite que l’est M. Wagner. Ceux qui le connaissent s’étonnent de ce que j’ai déjà obtenu, quoique cela, je le répète, ne soit pas suffisant. S’il s’agissait