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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/235

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ACTE IV, SCÈNE II.

la reine. — Tirer à l’écart le corps qu’il a tué ; et sur ce corps sa folie même, comme un peu d’or dans un minerai de vils métaux, se montre pure. Il pleure de ce qu’il a fait.

le roi. — Ô Gertrude, venez ! Le soleil n’aura pas plutôt touché les montagnes, que nous le ferons embarquer. Quant à cette affreuse action, nous devons tous deux employer toute notre majesté et notre adresse à la couvrir et à l’excuser. — Holà ! Guildenstern (Rosencrantz et Guildenstern entrent.) Amis, allez tous deux, prenez avec vous quelque renfort ; Hamlet, dans son délire, a tué Polonius, et l’a traîné hors du cabinet de sa mère. Allez, cherchez-le ; parlez-lui comme il faut ; et portez le corps dans la chapelle : je vous prie, faites diligence. (Rosencrantz et Guildenstern sortent.) Venez, Gertrude ; nous convoquerons nos plus sages amis, et nous leur ferons connaître en même temps ce que nous comptons faire et ce qui est malheureusement déjà fait. Ainsi nous avons chance que la calomnie, — dont le murmure, parcourant la circonférence du monde, lance, aussi droit que le canon à son but, sa charge empoisonnée, — manque pourtant notre nom, et ne frappe que l’air insensible. Oh ! venez ; mon âme est pleine de discorde et d’effroi.

(Ils sortent.)

SCÈNE II

Un autre appartement dans le château.
HAMLET entre.

hamlet. — Déposé en lieu sûr…

rosencrantz et guildenstern, derrière la scène. — Hamlet ! seigneur Hamlet !

hamlet. — Mais doucement ! Quel est ce bruit ? qui appelle Hamlet ? Oh ! ils viennent ici !

(Rosencrantz et Guilsdenstern entrent.)

rosencrantz. — Qu’avez-vous fait du cadavre, monseigneur ?