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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/243

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ACTE IV, SCÈNE V.

nous remplissent de malhabile défiance ! Elles se découvrent elles-mêmes, en craignant d’être découvertes.

(Horatio rentre avec Ophélia.)

ophélia. — Où est la belle reine de Danemark ?

la reine. — Eh bien ! Ophélia ?

ophélia, chantant. —

Comment pourrai-je distinguer d’un autre votre véritable ami ? À son chapeau orné de coquillages, et à son bâton, et à ses sandales [1].

la reine. — Hélas ! gentille dame, que signifie cette chanson ?

ophélia. — Que dites-vous ? Remarquez bien, je vous prie.

(Elle chante.)

Il est mort et parti, madame, il est mort et parti : à sa tête est un tertre d’herbe verte ; à ses talons est une pierre.

Ah ! ah !

la reine. — Oui ; mais, Ophélia…

ophélia. — Je vous prie, remarquez bien.

(Elle chante.)

Son linceul, blanc comme la neige des montagnes…

(Le roi entre.)

la reine. — Hélas voyez ceci, mon seigneur.

ophélia. —

… est tout semé de douces fleurs, qui, tout humides de pleurs, allèrent au tombeau, humides des ondées du sincère amour.

le roi. — Comment vous trouvez-vous, ma belle demoiselle ?

ophélia. — Bien. Dieu vous assiste ! Ils disent que la chouette était la fille d’un boulanger [2]. Seigneur, nous

  1. Ophélia décrit le costume d’un pèlerin, lequel, dans les histoires et les chansons du vieux temps, servait souvent de déguisement aux amoureux.
  2. C’est une légende du Gloucestershire, que N. S. Jésus-Christ