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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/285

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ACTE V, SCÈNE II.

la reine. — Viens ; laisse-moi t’essuyer le visage.

laërtes. — Mon seigneur, maintenant je vais le toucher.

le roi. — Je ne crois pas.

laërtes, à part. — Et pourtant c’est presque contre ma conscience.

hamlet. — Allons, à la troisième, Laërtes. Vous ne faites que jouer. Je vous prie, poussez du meilleur de vos forces ; je crains que vous ne me traitiez en petit garçon.

(Ils recommencent.)

laërtes. — Le croyez-vous ? Allons !

osrick. — Rien de part ni d’autre.

laërtes. — À vous, maintenant.

(Laërtes blesse Hamlet, mais dans ce conflit ils changent de fleuret, et Hamlet blesse Laërtes.)

le roi. — Séparez-les ; ils sont enflammés.

hamlet. — Non ; recommençons.

(La reine s’évanouit.)

osrick. — Voyez donc la reine ! Oh !

horatio. — Ils sont tous deux en sang. Comment vous trouvez-vous, mon seigneur ?

osrick. — Comment êtes-vous, Laërtes ?

laërtes. — Eh bien ! Osrick, comme une bécasse prise à son propre piège. Je péris justement par ma propre trahison.

hamlet. — Comment est la reine ?

le roi. — Elle s’est évanouie en les voyant en sang.

la reine. — Non, non ; la coupe, la coupe ! Ô mon cher Hamlet ! la coupe, la coupe ; je suis empoisonnée !

(Elle meurt.)

hamlet. — Ô scélératesse ! Holà ! qu’on ferme la porte. Trahison ! Qu’on découvre la trahison !

(Laërtes tombe.)

laërtes. — La voici, Hamlet. Hamlet, tu es mort ; point de remède au monde qui puisse te faire du bien ; tu n’as plus en toi une demi-heure de vie ; le perfide instrument est, dans ta main, affilé et envenimé. L’infâme artifice s’est retourné contre moi ; voici, je suis ici gisant pour ne me relever jamais. Ta mère est empoisonnée. Je n’en puis plus. Le roi, le roi est coupable !