chants les plus harmonieux !… Y a-t-il de la hardiesse à croire que ce soient là des esprits ?
Ce sont des esprits que par mon art j’ai appelés des lieux où ils sont retenus, pour exécuter ces jeux de mon imagination.
Ô que je vive toujours ici ! Un père, une épouse, si rares, si merveilleux, font de ce lieu un paradis.
Silence, mon fils : Junon et Cérès s’entretiennent sérieusement tout bas. Il reste quelque autre chose à faire. Chut ! pas une syllabe, ou notre charme est rompu.
Vous qu’on appelle naïades, nymphes des ruisseaux sinueux, avec vos couronnes de jonc et vos regards toujours innocents, quittez l’onde ridée, et venez sur ce gazon vert obéir au signal qui vous appelle : Junon l’ordonne. Hâtez-vous, chastes nymphes ; aidez-nous à célébrer une alliance de vrai amour : ne vous faites pas attendre.
- (Entrent des nymphes.)
Et vous, moissonneurs armés de faucilles, brûlés du soleil et fatigués d’août, quittez vos sillons, et livrez-vous à la joie. Chômez ce jour de fête ; couvrez-vous de vos chapeaux de paille de seigle, et que chacun de vous se joigne à l’une de ces fraîches nymphes dans une danse rustique.
J’avais oublié l’odieuse conspiration de cette brute de Caliban et de ses complices contre mes jours : l’instant où ils doivent exécuter leur complot est presque arrivé. (Aux esprits.) Fort bien… Éloignez-vous. Rien de plus.
Voilà qui est étrange ! Votre père est agité par quelque passion qui travaille violemment son âme.