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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Guizot, Didier, 1864, tome 1.djvu/399

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ACTE I, SCÈNE IV.

soient encore plus à l’épreuve du fer que vos boucliers. Avancez, vaillant Titus. Ils nous dédaignent fort au delà de ce que nous pensions. J’en sue de rage.—Venez, braves compagnons. Celui de vous qui reculera, je le traiterai comme un Volsque. Il périra sous mon glaive.

(Le signal est donné, les Romains et les Volsques se rencontrent.—Les Romains sont battus et repoussés jusque dans leurs tranchées.)

marcius.—Que toute la contagion du sud descende sur vous, vous la honte de Rome !… vous troupeau de…—Que les clous et la peste vous couvrent de plaies, afin que vous soyez abhorrés avant d’être vus et que vous vous infestiez les uns les autres à un mille de distance. Âmes d’oies qui portez des figures humaines, comment avez-vous pu fuir devant des esclaves que battraient des singes ? Par Pluton et l’enfer ! ils sont tous frappés par derrière, le dos rougi de leur sang et le front blême, fuyant et transis de peur.—Réparez votre faute, chargez de nouveau, ou, par les feux du ciel, je laisse là l’ennemi, et je tourne mes armes contre vous ; prenez-y garde. En avant ! Si vous voulez tenir ferme, nous allons les repousser jusque dans les bras de leurs femmes, comme ils nous ont poursuivis jusque dans nos tranchées.—

(Les clameurs guerrières recommencent : Marcius charge les Volsques et les poursuit jusqu’aux portes de la ville.)

—Voilà les portes qui s’ouvrent.—Maintenant secondez-moi en braves. C’est pour les vainqueurs que la fortune élargit l’entrée de la ville, et non pour les fuyards : regardez-moi, imitez-moi.

(Il passe les portes et elles se ferment sur lui.)

un premier soldat.—Audace de fou ! Ce ne sera pas moi !

un second soldat.—Ni moi.

troisième soldat.—Vois, les portes se ferment sur lui.

(Les cris continuent.)

tous.—Le voilà pris, je le garantis.

titus lartius parait.—Marcius ! qu’est-il devenu ?

tous.—Il est mort, seigneur ; il n’en faut pas douter.