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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/175

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SCÈNE X.

vince à force de continence ; les moineaux ne doivent plus se nicher dans son pignon, sous prétexte qu’ils sont trop paillards. Au moins, le duc poursuivrait dans l’ombre les méfaits de l’ombre ; jamais il ne les produirait à la lumière ; je voudrais qu’il fût de retour ; morbleu, ce pauvre Claudio est condamné pour s’être délacé. Adieu, bon moine : prie pour moi, je te prie. Le duc, je te le répète, mangeait du mouton les vendredis. Son temps est passé maintenant ; pourtant, je te le déclare, il s’aboucherait encore avec une gueuse, sentît-elle l’ail et le pain bis. Dis que je t’ai dit ça. Adieu.

Il sort.
le duc.

— Pas de puissance ni de grandeur, en ce monde de mortalité, — qui échappe à la censure ! la calomnie qui blesse par derrière — frappe la plus blanche vertu. Quel roi est assez puissant — pour retenir le fiel sur les lèvres de la médisance ?… — Mais qui vient ici ?


Entrent Escalus, le Prévôt, la Maquerelle et les exempts.
escalus.

Allez ! emmenez-la en prison.

la maquerelle.

Mon bon seigneur, soyez bon pour moi. Votre Excellence passe pour un homme miséricordieux… Mon bon seigneur !

escalus.

Après une double et triple admonition, toujours coupable du même méfait ! C’en serait assez pour que la pitié blasphémât et devînt tyrannique.

le prévôt.

Une maquerelle en exercice depuis onze ans, n’en déplaise à Votre Honneur !