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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/216

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MESURE POUR MESURE.

femmes à calomnier le seigneur Angelo ? Elles l’ont avoué.

le duc.

C’est faux.

escalus.

Comment ! savez-vous où vous êtes ?

le duc.

— Respect à votre haute magistrature ! qu’il soit dit que le démon — est parfois honoré sur son trône brûlant ! — Où est le duc ? C’est lui qui devrait m’entendre.

escalus.

— Le duc est en nous, et nous voulons vous entendre : — songez à parler sincèrement.

le duc.

Hardiment, au moins !… Ô pauvres créatures, — vous venez donc ici réclamer l’agneau du renard ? — Adieu alors la réparation !… Le duc est parti. — Alors c’en est fait de votre cause !… Le duc est injuste — de se dérober ainsi à votre appel éclatant — et de remettre votre procès à la décision du scélérat — que vous venez ici accuser.

lucio.

— C’est le coquin ; c’est celui dont je parlais.

escalus.

— Quoi ! moine irrévérent et impie, — n’est-ce pas assez que tu aies suborné ces femmes — pour accuser ce digne homme ? Oses-tu encore de ta bouche immonde — lui jeter à l’oreille — le nom de scélérat, puis, t’en prenant — au duc lui-même, le taxer d’injustice ?… — Qu’on l’emmène ! Au chevalet cet homme ! Nous te romprons — toutes les jointures, mais nous connaîtrons cette intrigue… Comment ! le duc injuste !

le duc.

— Ne vous échauffez pas tant. Le duc — n’oserait pas plus disloquer un de mes doigts qu’il — n’oserait torturer un des siens ; je ne suis pas son sujet, — ni de cette