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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/288

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TIMON D'ATHÈNES.

alcibiade.

— Puissent les dieux vous laisser vieillir assez pour que vous deveniez — de vivants squelettes, horribles à tous les regards ! — Je suis éperdu de rage. J’ai tenu à distance leurs ennemis, — tandis qu’eux comptaient leur monnaie et prêtaient leur argent à gros intérêts ; moi, — je ne me suis enrichi que de larges blessures… Et voilà pour moi le résultat ! — Voilà le baume que ce sénat usurier — verse sur les blessures d’un capitaine ! Oui, le bannissement ! — Eh bien, je n’en suis pas mécontent ; je ne hais point d’être banni ; — ce sera pour mon ressentiment et ma fureur un digne motif — de frapper Athènes. Je vais soulever — mes troupes mécontentes et gagner les cœurs. — Il y a honneur à lutter contre des forces supérieures. — Les soldats ne doivent pas plus que les dieux endurer les offenses.

Il sort.

SCÈNE X.
[Une salle magnifique dans le palais de Timon.]
Musique. Tables préparées. Gens de service allant et venant.
Entrent plusieurs seigneurs par des portes différentes.
premier seigneur.

Je vous souhaite le bonjour, monsieur.

deuxième seigneur.

Je vous le souhaite également. Je pense que ce noble seigneur n’a fait que nous éprouver l’autre jour.

premier seigneur.

Cette réflexion occupait mes pensées, quand nous nous sommes rencontrés. J’espère qu’il n’est point aussi bas que pouvait le faire supposer cette tentative auprès de ses différents amis.