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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/357

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SCÈNE III.

en considérer la vraie cause, — et chercher pourquoi tous ces feux, pourquoi tous ces spectres glissant dans l’ombre ; — pourquoi ces oiseaux, ces animaux enlevés à leur instinct et à leur espèce ; — pourquoi tous ces vieillards déraisonnables et ces enfants calculateurs ; — pourquoi tous ces êtres dévoyés de leurs lois, — de leurs penchants et de leurs facultés prédestinées — dans une nature monstrueuse, alors vous concevriez — que le ciel leur souffle ces inspirations nouvelles — pour en faire des instruments de terreur, annonçant — un monstrueux état de choses. — Maintenant, Casca, je pourrais — te nommer un homme en tout semblable à cette effroyable nuit, — un homme qui tonne, foudroie, ouvre les tombes et rugit — comme le lion dans le Capitole ; — un homme qui n’est pas plus puissant que toi ou moi — par la force personnelle, et qui pourtant est devenu prodigieux — et terrible comme ces étranges météores.

casca.

— C’est de César que vous parlez, n’est-ce pas, Cassius ?

cassius.

— Peu importe de qui. Les Romains d’aujourd’hui — ont des nerfs et des membres, ainsi que leurs ancêtres. — Mais, hélas ! le génie de nos pères est mort, — et nous sommes gouvernés par l’esprit de nos mères : — notre joug et notre soumission nous montrent efféminés.

casca.

— En effet, on dit que demain les sénateurs — comptent établir César comme roi, — et qu’il portera la couronne sur terre et sur mer, — partout, excepté en Italie.

cassius.

— Je sais où je porterai ce poignard, alors. — Cassius délivrera Cassius de la servitude… — C’est par là, dieux, que vous rendez si forts les faibles : — c’est par là, dieux,