Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 10.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
SCÈNE IV.

brutus.

— Oh ! quel moment vous avez choisi, brave Caïus, — pour être emmitouflé ! que je voudrais ne pas vous voir malade !

ligarius.

Je ne suis pas malade, si Brutus a en projet — un exploit digne du renom d’honneur…

brutus.

— J’ai en projet un exploit de ce genre, Ligarius. — Que n’avez-vous, pour m’entendre, l’oreille de la santé !

ligarius.

— Par tous les dieux devant qui s’inclinent les Romains, — je secoue ici ma maladie. Âme de Rome ! — fils vaillant, issu de généreuses entrailles ! — tu as, comme un exorciste, évoqué — mes esprits moribonds. Maintenant, dis-moi de courir, — et je m’évertuerai à des choses impossibles, — et j’en viendrai à bout. Que faut-il faire ?

brutus.

— Une œuvre qui rendra les hommes malades bien portants.

ligarius.

— Mais n’en est-il pas de bien portants que nous devons rendre malades ?

brutus.

— Oui, nous le devrons. Mon Caïus, — je t’expliquerai la chose en nous rendant — où nous avons affaire.

ligarius.

Marchez, — et avec une nouvelle flamme au cœur, je vous suis — pour je sais quelle entreprise : il suffit — que Brutus me guide.

brutus.

Suis-moi donc.

Ils sortent.