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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/104

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RICHARD II.

Aux combattants.

Approchez, — et écoutez ce que nous avons arrêté avec notre conseil. — Attendu que la terre de notre royaume ne doit pas être souillée — de ce sang précieux qu’elle a nourri ; — que nos yeux abhorrent l’atroce spectacle des plaies civiles creusées par des épées voisines ; — que, dans notre pensée, l’orgueil aux ailes d’aigle d’une ambition qui aspire à la nue — et la rancune d’une jalouse rivalité vous provoquent — à réveiller la paix qui, dans le berceau de notre pays, — sommeille avec la calme et douce respiration d’un enfant endormi ; — attendu que l’alarme causée par le rauque ouragan des tambours, — par le cri terrible des trompettes stridentes — et par le choc discordant des armes furieuses — pourrait chasser la noble paix de nos tranquilles contrées — et nous réduire à marcher dans le sang de nos parents ; — en conséquence, nous vous bannissons de nos territoires. — Vous, cousin Hereford, sous peine de mort, — jusqu’à ce que deux fois cinq étés aient enrichi nos champs, — vous ne reverrez pas nos beaux domaines, — mais vous foulerez les sentiers étrangers de l’exil.

bolingbroke.

— Que votre volonté soit faite ! Une chose doit me consoler : — c’est que le soleil, qui vous réchauffe ici, luira aussi pour moi ; — c’est que les rayons d’or qu’il vous prête ici — brilleront sur moi et doreront mon exil.

richard.

— À toi, Norfolk, est réservé un arrêt plus rigoureux, — que j’ai quelque répugnance à prononcer. — Les heures furtives et lentes ne détermineront pas la limite indéfinie de ton douloureux exil. — Cette sentence désespérante : « Ne reviens jamais, sous peine de mort ! » je la prononce contre toi.