Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
SCÈNE XII.

SCÈNE XII.
[Les jardins du château de Langley.]
Entrent la Reine et deux de ses Dames.
la reine.

— Quel divertissement pourrions-nous improviser ici, dans ce jardin, — pour chasser le pénible souci qui m’obsède ?

première dame.

— Madame, nous jouerons aux boules.

la reine.

Cela me fera penser — que le monde est plein d’aspérité et que ma fortune — dévie.

première dame.

Madame, nous danserons.

la reine.

— Mes jambes ne sauraient garder la mesure dans le plaisir, — quand mon pauvre cœur ne la garde pas dans la douleur. — Ainsi, pas de danse, ma fille ; quelque autre jeu !

première dame.

— Madame, nous conterons des histoires.

la reine.

Tristes ou gaies ?

première dame.

— Comme vous voudrez, madame.

la reine.

Je n’en veux ni de tristes ni de gaies. — Car si elles sont gaies, la gaieté ne me manquant que trop, — elles me rappelleront d’autant plus vivement mon chagrin. — Si elles sont tristes, comme je n’ai que trop de tristesse,