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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/206

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HENRI IV.

gouvernés par la lune. La preuve, la voici : une bourse d’or, fort résolument escroquée le lundi soir, est fort dissolûment dépensée le mardi matin ; obtenue en vociférant halte-là ! dépensée en criant du vin ! tantôt, quand le flot baisse, au niveau du pied de l’échelle, tantôt, quand il monte, à la hauteur de la plate-forme du gibet.

falstaff.

Pardieu, tu dis vrai, mon garçon. Et n’est-ce pas que mon hôtesse de la taverne est une fille délicieuse ?

le prince henry.

Comme le miel de l’Hybla, mon vieux garçon d’hôtel. Et n’est-ce pas qu’un justaucorps de buffle habille délicieusement un recors ?

falstaff.

Ah çà ! ah çà, railleur forcené, que signifient tes pointes et tes quolibets ? En quoi diantre m’intéresse un justaucorps de buffle ?

le prince henry.

Et en quoi diable m’intéresse mon hôtesse de la taverne ?

falstaff.

Eh ! mais tu l’as appelée mainte et mainte fois pour compter avec elle.

le prince henry.

Et t’ai-je jamais appelé pour te faire payer ta part ?

falstaff.

Non ; je te rends justice : tu as tout payé là.

le prince henry.

Oui, là et ailleurs, autant que mes fonds s’y prêtaient ; et, quand ils ne s’y prêtaient plus, j’ai usé de mon crédit.

falstaff.

Oui, et si bien usé que, s’il n’était pas présumable que tu es l’héritier présomptif… Mais, dis-moi donc, doux railleur, est-ce que les gibets resteront debout en An-