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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/216

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HENRI IV.

tagnes stériles ! — Jamais je ne tiendrai pour mon ami — un homme qui me demandera de dépenser même un penny — pour la rançon du révolté Mortimer.

hotspur.

Le révolté Mortimer ! — Ah ! mon souverain seigneur, s’il est tombé au pouvoir de l’ennemi, — ce n’est que par le hasard de la guerre. Pour le prouver, — il ne faudrait que faire parler ces blessures, — plaies béantes, qu’il a reçues si vaillamment, — alors que, sur la rive, bordée de joncs, de la douce Séverne, — dans un duel corps à corps, — qui dura près d’une heure, — il lutta de prouesse avec le formidable Glendower. — Trois fois ils reprirent haleine, et trois fois, — d’un mutuel accord, ils se désaltérèrent aux eaux vives de la Séverne, — qui, effrayée de leur sanglant aspect, — courait effarée parmi les roseaux tremblants, — cachant sa chevelure ondée au fond du lit — qu’ensanglantaient ces valeureux combattants ! — Jamais une hypocrisie vile et tarée — n’eût coloré son œuvre de si mortelles blessures ; — non, jamais le noble Mortimer — n’eût reçu de gaîté de cœur autant de coups ! Qu’on ne lui jette donc pas cette accusation calomnieuse de révolte.

le roi.

— C’est toi qui mens, Percy, c’est toi qui mens sur son compte. — Il ne s’est jamais mesuré avec Glendower. — Je te le déclare, — il eût autant osé tenir tête au diable — qu’à un ennemi comme Owen Glendower. — N’as-tu pas honte ?… Morbleu, qu’à l’avenir — je ne vous entende plus parler de Mortimer ; — envoyez-moi vos prisonniers au plus vite, — ou vous aurez de moi des nouvelles — qui vous déplairont… Milord Northumberland, — nous vous autorisons à partir avec votre fils ; — envoyez-moi vos prisonniers ou vous entendrez parler de moi.

Sortent le roi, Blunt et sa suite.