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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/248

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HENRI IV.

le prince henry.

Ô monstruosité ! de deux hommes en bougran il en est sorti onze !

falstaff.

Mais, comme si le diable s’en mêlait, trois malotrus, trois goujats, en drap de Kendal vert (41), sont venus derrière mon dos, et ont dérivé sur moi ; car il faisait si noir, Hal, que tu n’aurais pas pu voir ta main.

le prince henry.

Ces mensonges sont pareils au père qui les enfante, gros comme des montagnes, effrontés, palpables. Ah ! boyau à cervelle de boue, fou à caboche épaisse, immonde fils de putain, pain de suif graisseux !

falstaff.

Çà, es-tu fou, es-tu fou ? N’est-ce pas la vérité, la vérité ?

le prince henry.

Eh ! comment as-tu pu reconnaître que ces hommes portaient du drap de Kendal vert, puisqu’il faisait si noir que tu ne pouvais pas voir ta main ? Allons, donne-nous une raison ! Que dis-tu à cela ?

poins.

Allons, une raison, Jack, une raison !

falstaff.

Quoi, par contrainte ! Non, quand on m’infligerait l’estrapade et tous les supplices du monde, je ne dirais rien par contrainte. Vous donner une raison par contrainte ! Quand les raisons seraient aussi abondantes que les mûres, je n’en donnerais à personne par contrainte, moi !

le prince henry.

Je ne veux pas être plus longtemps complice de ce mensonge… Cet impudent couard, ce briseur de lits,