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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/281

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SCÈNE X.

ai données à des boulangères qui en ont fait des blutoirs.

l’hôtesse.

Eh bien, aussi sûr que je suis une vraie femme, c’était de la toile de Hollande à huit shillings l’aune. En outre, sir John, vous devez ici, en bon argent, pour votre nourriture, pour vos boissons extra, et pour argent prêté, vingt-quatre livres.

falstaff, montrant Bardolphe.

Il en a eu sa part : qu’il vous paie.

l’hôtesse.

Lui ! hélas ! il est pauvre ; il n’a rien.

falstaff.

Comment ! pauvre ! Regardez sa face ; qu’appelez-vous donc riche ? Qu’on monnoie son nez, qu’on monnoie ses joues ; je ne paierai pas un denier. Ah çà, me prenez-vous pour un nigaud ? Comment ! je ne pourrai pas prendre mes aises dans mon auberge, sans avoir ma poche dévalisée ! J’ai perdu un anneau de mon grand-père, valant quarante marcs.

l’hôtesse.

Oh ! Jésus ! j’ai ouï dire au prince, je ne sais combien de fois, que cet anneau-là était de cuivre.

falstaff.

Comment ! le prince est un Jeannot, un pied-plat ; mordieu ! s’il était ici, je le bâtonnerais comme un chien, pour peu qu’il dît cela.

Entrent le Prince Henry et Poins au pas de marche. Falstaff va à leur rencontre en faisant le geste de jouer du fifre sur son bâton.
falstaff.

Eh bien, mon gars ? C’est donc par ce trou-là que le vent souffle ? Faut-il que nous marchions tous ?