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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/402

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HENRY IV.

un adversaire ajuster le tranchant d’un canif. Et, dans une retraite, avec quelle prestesse courrait ce Faible, le tailleur pour femmes ! Oh ! donnez-moi les hommes de réforme ; et mettez-moi à la réforme les beaux hommes !… Place-moi une arquebuse dans les mains de Poireau, Bardolphe.

bardolphe.

Tiens, Poireau, en joue ! ainsi, ainsi, ainsi.

falstaff.

Allons, maniez-moi votre arquebuse. C’est ça ! très-bien !… allons !… très-bien ! excessivement bien !… Oh ! donnez-moi un tireur petit, décharné, vieux, noué, pelé !… À merveille, Poireau. Tu es un bon drille !… Tiens, voici un teston pour toi.

shallow.

Il n’est point passé maître en son art ; il ne manœuvre pas bien. Je me rappelle que sur le pré de Mil-End, à l’époque où j’étais à Clément’s-Inn (je jouais alors sir Dagonet (72) dans la pantomime d’Arthur), il y avait un petit luron qui vous maniait son arme comme ceci ; et il se démenait, et il se démenait, et il vous marchait en avant, et il vous marchait en avant : ra ta ta, faisait-il ; pan, faisait-il ; et il partait encore, et il revenait encore. Je ne reverrai jamais un pareil gaillard.

falstaff.

Ces gaillards-là feront mon affaire, maître Shallow… Dieu vous garde, maître Silence ! je n’userai pas beaucoup de paroles avec vous. Portez-vous bien tous deux, messieurs ; je vous remercie : j’ai une douzaine de milles à faire ce soir. Bardolphe, donnez des habits aux soldats.

shallow.

Sir John, que le Seigneur vous bénisse et fasse prospérer vos affaires ! que Dieu nous envoie la paix ! À votre retour, faites-moi visite ; nous renouvellerons notre an-