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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/487

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NOTES.

que l’armée ennemie, car (comme quelques-uns l’écrivent) il y avait au moins vingt mille hommes dans la rébellion.

» Quand le comte de Westmoreland eut reconnu la force de ses adversaires, et qu’ils restaient sur place sans faire mine d’avancer, il chercha à déjouer subtilement leurs desseins, et dépêcha sur-le-champ des messagers vers l’archevêque, sous prétexte de savoir la cause de ce grand rassemblement et pour quel motif, contrairement à la paix du roi, ils étaient ainsi sous les armes. L’archevêque répondit qu’il ne voulait rien entreprendre contre la paix du roi, mais qu’au contraire tous ses actes tendaient plutôt à assurer la paix et le repos de la république : si lui et ses compagnons étaient en armes, c’était par crainte du roi, près duquel il ne pouvait trouver accès en raison de la multitude de flatteurs qui l’entouraient ; et conséquemment il maintenait que ses projets étaient bons et avantageux aussi bien pour le roi que pour le royaume, si l’on voulait entendre la vérité ; et sur ce il présenta la cédule où étaient articulés ses griefs, et dont vous avez déjà ouï parler.

» Les messagers, étant revenus près du comte de Westmoreland, lui représentèrent ce qu’ils avaient ouï et rapporté de la part de l’archevêque. Quand il eut lu le manifeste, il attesta par ses paroles et par sa contenance extérieure qu’il approuvait les vertueux et saints projets de l’archevêque, promettant que lui et les siens en poursuivraient l’accomplissement d’accord avec l’archevêque. Charmé de cette promesse, celui-ci crut le comte sur parole et décida le comte maréchal, malgré sa volonté, pour ainsi dire, à se rendre avec lui à un lieu fixé pour la réconciliation générale. Là, quand tous furent réunis en nombre égal de part et d’autre, l’exposé des griefs fut lu ; et, sans plus de discussion, le comte de Westmoreland et ceux qui étaient avec lui convinrent de faire de leur mieux pour obtenir les réformes réclamées par cet exposé. Le comte de Westmoreland, plus politique que les autres, dit : « Eh bien donc, nos efforts ont obtenu le résultat désiré ; et, puisque nos gens ont été si longtemps sous les armes, renvoyons-les chez eux, à leurs occupations et à leurs métiers accoutumés : en attendant, buvons ensemble en signe d’agrément, en sorte que des deux côtés les gens puissent le voir et s’assurer ainsi que nous sommes tombés d’accord. »

« Ils ne s’étaient pas plutôt serré la main, qu’un chevalier fut envoyé immédiatement par l’archevêque pour annoncer à ses gens que la paix était conclue et pour commander à chacun de mettre bas