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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 11.djvu/516

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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE FROISSART.

seigneur, sait que vous ayez affaire, il vous confortera.

Le roi Richard d’Angleterre entendit à ce conseil : et lui sembla bon, et ordonna ceux qu’il voulait qui chevauchassent ce chemin avec lui : et ordonna son cousin le comte de Rostellant[1] pour demeurer à Bristo, et aussi tous les autres. Tous tinrent cette ordonnance : et quand ce vint au matin, le roi Richard d’Angleterre et ceux de sa maison tirèrent vers le château de Fluich et se boutèrent dedans.


Comment le roi Richard se rendit au comte d’Erby pour être mené à Londres.


Nouvelles vinrent au comte d’Erby et à son conseil que le roi était retrait et enfermé au château de Fluich, et n’avait pas grands gens avec lui, fors ceux de son hôtel, et ne montrait pas qu’il voulût guerre ni bataille, fors issir de ce danger (s’il pouvait) par traité. Adonc chevauchèrent le comte d’Erby et sa route devant la place dessus nommée, et quand ils approchèrent et furent ainsi qu’à deux petites lieues près, ils trouvèrent un grand village, si s’arrêta le comte d’Erby, et mangea et but un coup, et eut conseil de soi-même, et non d’autrui, qu’il chevaucherait devant à deux cents chevaux ou environ, et laisserait tout le demeurant derrière : et lui venu au château où le roi était, il entrerait dedans par amour, non pas par force : et mettrait hors le roi par douces paroles, et l’assurerait de tout péril, fors de venir à Londres.

Adoncques se départit le comte d’Erby de la grosse route et chevaucha avec deux cents hommes tant seulement : et tantôt furent devant le châtel, où était le roi

  1. Le comte de Rutland. C’est le même personnage que Shakespeare fait paraître sous le nom d’Aumerle.