There is a history in all men’s lives,
Figuring the nature of the times deceased:
The which observed, a man may prophesy,
With a near aim, of the main chance of things
As yet not come to life; which in their seeds
And weak beginnings lie intreasured.
Such things become the hatch and brood of times.
« Il y a dans toutes les vies humaines des faits qui
représentent l’état des temps évanouis : en les observant,
un homme peut prophétiser presque à coup sur le développement
essentiel des choses encore à naître qui sont
enfouies en germe dans leurs faibles prodromes, et que
l’avenir doit couver et faire éclore, » Ces remarquables
paroles, prononcées par un des personnages secondaires
de Henry IV, contiennent toute une philosophie de
l’histoire. Selon Shakespeare, les choses qui remplissent
la vie de l’humanité ne sont pas les effets d’un aveugle
hasard. Chaque événement est un germe qui se développe
et porte ses fruits, conformément à une loi générale
qui est le principe même de l’histoire. Tout phénomène,
survenu dans le monde de l’action, vit d’une existence
spéciale, existence qui commence à la conception première
et ne s’achève qu’à la conséquence dernière. Vainement
la volonté humaine tenterait d’empêcher les résultats
d’un fait accompli. Suivant Shakespeare, notre
libre arbitre est absolument circonscrit par une double
fatalité, — fatalité des passions, fatalité des événements.
Les passions le dominent dans le monde intérieur ; les
événements dans le monde extérieur. Quoi que fasse
Macbeth, il ne saurait se dérober aux conséquences du
meurtre de Duncan : il perd le trône et la vie. Quoi
que fasse Richard III, il ne saurait éluder les consé-