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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/106

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SONNETS.

Lui, la nature le garde comme la carte qui montre à l’art menteur ce qu’était la beauté autrefois.


*

LXXXIX

Que tu sois blâmé, ce n’est pas un défaut chez toi, car la supériorité a toujours été la cible de la calomnie. La beauté a pour ornement le soupçon, ce corbeau qui vole dans l’air le plus pur du ciel.

Pourvu qu’il soit réel, la calomnie ne fait que rendre plus évident un mérite que le temps consacre ; car le ver du mal aime les plus suaves bourgeons, et tu lui présentes un printemps pur et sans tache.

Tu as traversé les embûches de la jeunesse ; tu en as évité les attaques ou les a supportées en vainqueur. Pourtant l’éloge qui te revient ne peut t’appartenir au point d’enchaîner l’envie qui va grandissant toujours.

Si le soupçon de la malveillance ne masquait pas ta splendeur, tu posséderais seul le royaume des cœurs.


*

XC

Contre le temps, si jamais ce temps arrive, où je te verrai sévère pour mes défauts, où ton affection réglera son compte avec moi, poussée à ce calcul par des considérations réfléchies ;

Contre le temps où tu passeras devant moi comme un étranger, et où tu me salueras à peine d’un rayon de tes