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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/123

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SONNETS.

Oh ! sachez-le, doux amour, c’est que vous m’inspirez toujours, et que vous êtes, avec mon amour, mon unique argument. Aussi, tout mon mérite se borne à habiller les vieux mots à neuf et à faire servir derechef ce qui a servi déjà.

Car, semblable au soleil qui est chaque jour neuf et vieux, mon amour redit toujours les choses déjà dites.


*

CXVII

Lorsque, dans la chronique des temps évanouis, je vois la description des plus charmantes créatures, et les vieilles rimes que la beauté a inspirées en l’honneur de nobles dames et d’aimables chevaliers qui ne sont plus,

Alors, dans l’esquisse où sont peintes les formes suprêmes de la beauté, la main, le pied, la lèvre, l’œil, le front, je sens que les maîtres anciens essayaient d’exprimer la beauté dont vous êtes aujourd’hui l’idéal.

Ainsi, toutes leurs louanges ne sont que des prophéties de notre temps et des ébauches de vous. Et, comme ils ne vous voyaient qu’avec les yeux qui devinent, ils n’en savaient pas assez pour vous chanter dignement.

Quant à nous, qui maintenant vous contemplons face à face, nous avons des yeux pour admirer, mais pas de langue pour louer.

CXVIII

S’il est vrai qu’il n’y a rien de nouveau, mais que tout