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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/128

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SONNETS.

lera pour le départ, quel bilan acceptable laisseras-tu ?

Il faudra que ta beauté, improductive, te suive dans la tombe, elle qui, productive, eût été ton exécutrice testamentaire.

CXXV

Ces mêmes Heures, qui ont formé par un travail exquis ce type admirable où se plaisent tous les yeux, deviendront impitoyables pour lui, et disgracieront ce qui est la grâce suprême.

Car le temps infatigable traîne l’été au hideux hiver et l’y absorbe : la gelée fige la séve, les feuilles les plus vigoureuses tombent toutes, la beauté est sous l’avalanche, la désolation partout !

Alors, si la goutte distillée par l’été ne restait, prisonnière liquide, enfermée dans des parois cristallines, la beauté ne se reproduirait pas ; et rien ne resterait d’elle, pas même le souvenir !

Mais les fleurs, qui ont distillé leur séve, ont beau subir l’hiver ; elles ne perdent que leur feuillage et gardent toujours vivace leur essence parfumée.

CXXVI

Donc, ne laisse pas la rude main de l’hiver déflorer en toi ton été, avant que tu aies distillé ta séve. Verse ton parfum en quelque fiole. Thésaurise en un lieu choisi les trésors de ta beauté, et ne la laisse pas se suicider.

Ce n’est pas une usure défendue que l’usance qui fait le bonheur de quiconque lui paie intérêt. Tu seras heureux