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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/58

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SONNETS.

brune. S’il faut pour cheveux des fils d’or, des fils noirs poussent sur sa tête.

J’ai vu des roses de Damas, rouges et blanches, mais je n’ai pas vu sur ses joues de roses pareilles : et certains parfums ont plus de charme que l’haleine qui s’exhale de ma maîtresse.

J’aime à l’entendre parler, et pourtant je sais bien que la musique est beaucoup mieux harmonieuse. J’accorde que je n’ai jamais vu marcher une déesse : ma maîtresse, en se promenant, reste pied à terre.

Et cependant, par le ciel ! je trouve ma bien-aimée aussi gracieuse que toutes les donzelles calomniées par une fausse comparaison.

XIII

Ainsi, il n’en est pas de moi comme de cette muse dont une beauté peinte exalte le vers, qui emploie le ciel même comme ornement, et rapproche les plus charmantes choses des charmes de l’objet aimé ;

L’accouplant dans une comparaison ambitieuse avec le soleil et la lune, avec les pierres précieuses de la terre et de la mer, avec les fleurs premières-nées d’avril et toutes les choses rares que l’air du ciel enserre sur ce globe immense.

Oh ! que du moins, vrai en amour, je n’écrive que la vérité ; et crois-moi alors, l’être que j’aime est aussi charmant que peut l’être une créature née d’une mère,