Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
SONNETS.

vite la torche de l’amour dans la froide fontaine d’une vallée du pays.

La source emprunta à ce feu sacré de l’amour une chaleur vitale inépuisable, éternelle, et devint un bain bouillant où les hommes trouvent encore un remède souverain contre d’étranges maladies.

Mais l’enfant a rallumé sa torche aux yeux de ma maîtresse et a voulu absolument, pour l’essayer, toucher mon cœur. Pris d’un mal intérieur, j’ai voulu recourir à ce bain, et j’y suis vite allé, hôte triste et fiévreux,

Mais je n’y ai pas trouvé la guérison ; le bain qu’il me faut se trouve là même où Cupidon a rallumé sa torche : — dans les yeux de ma maîtresse.

XXIV

Le petit dieu d’amour, gisant un jour endormi, déposa à son côté sa torche qui enflamme les cœurs. Cependant une foule de nymphes, qui avaient juré de garder chaste vie, vinrent à pas légers près de lui : puis, de sa main virginale,

La plus belle vestale enleva ce flambeau qui avait embrasé des légions de cœurs innocents, et ainsi le général du chaud désir dormait désarmé par une main de vierge.

Elle éteignit ce flambeau dans une source glacée d’alentour, qui reçut du feu de l’amour une perpétuelle chaleur et devint un bain fort salutaire pour les hommes malades : moi pourtant, esclave de ma maîtresse,

J’y suis allé pour me guérir, et j’ai trouvé que le feu