Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
SONNETS.

Si bien que je ne puis m’empêcher d’être l’auxiliaire de ce doux fripon qui me vole amèrement.

XXXIII

Prends toutes mes amours, mon amour, va, prends-les toutes : qu’auras-tu donc de plus que ce que tu avais d’abord ? Il n’est pas d’amour, mon amour, qui m’appartienne réellement. Tout ce qui est à moi était à toi, avant que tu me prisses cela encore.

Si tu comprends mes affections dans mon affection, je ne puis te blâmer, car tu disposes de mon affection ; mais sois blâmé si tu te trahis toi-même en goûtant complaisamment de ce que toi-même tu réprouves.

Je te pardonne ton larcin, gentil voleur, bien que tu fasses main basse sur tout mon pauvre avoir ; et pourtant l’affection sait que c’est une plus grande douleur de subir l’outrage de l’affection que l’injure prévue de la haine.

Ô grâce lascive qui donnes du charme au mal même ! Va, tue-moi de dépit ; nous ne pouvons pas être ennemis.

XXXIV

Que ton caprice commette tous ces péchés mignons, quand parfois je suis absent de ton cœur, c’est chose naturelle à ton âge et à ta beauté : car la tentation te suit partout où tu es.

Tu es tendre, donc fait pour être séduit ; tu es beau,