Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
SONNETS.

À moins qu’ils n’affirment cette loi universelle du mal : L’humanité est pécheresse et règne dans son péché.

XLVII

Laisse-moi te dire que tous deux nous devons rester deux, bien que nos cœurs indivis ne fassent qu’un : ainsi les flétrissures qui s’attachent à moi, je les supporterai seul et sans ton aide.

Dans nos deux amours nous n’avons qu’une dignité, malgré la fatalité qui sépare nos deux vies et qui, sans altérer en rien l’effet unique de l’affection, dérobe à ses jouissances tant de douces heures.

Je dois désormais cesser de te reconnaître, de peur que mon ignominie pleurée ne te fasse honte. Et tu ne peux plus m’honorer d’une bienveillance publique sans retirer cet honneur à ton nom.

Ne fais pas cela : je t’aime de telle sorte que, comme tu es à moi, à moi est ta réputation.

XLVIII

Lassé de tout, j’invoque le repos de la mort : lassé de voir le mérite né mendiant, et la pénurie besoigneuse affublée en drôlerie, et la foi la plus pure douloureusement violée,

Et l’honneur d’or honteusement déplacé, et la vertu vierge brutalement prostituée, et le juste mérite à tort disgracié, et la force paralysée par un pouvoir boiteux,