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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/89

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SONNETS.

Jusqu’à ce qu’il recouvre toutes ses forces vives au retour de ces messagers rapides qui reviennent, dès qu’ils sont sûrs que tu vas bien, aussitôt me le raconter.

Cela dit, je suis heureux ; mais, à peine satisfait, je les renvoie encore, et vite me voilà triste.

LXII

Quel hiver a été pour moi ton absence, ô toi, joie de l’année fugitive ! quels froids glacés j’ai sentis ! quels sombres jours j’ai vus ! partout quel désert gris de décembre !

Et pourtant le temps de notre séparation était le plein été ; c’était l’époque où l’automne féconde, chargée de riches moissons, portait dans son sein le gage d’amour du printemps, comme une veuve restée grosse après son mari mort.

Mais moi je ne voyais dans cet abondant enfantement qu’une génération orpheline et des fruits sans parents, car c’est près de toi qu’est l’été avec ses plaisirs, et, toi absent, les oiseaux même sont muets,

Ou, s’ils chantent, c’est d’un ton si triste que les feuilles pâlissent, craignant que l’hiver ne soit proche.

LXIII

C’est au printemps que j’étais éloigné de vous, alors qu’Avril aux éclatantes couleurs, paré de tous ses atours, animait toute chose d’un tel esprit de jeunesse que le lourd Saturne riait et dansait avec lui.