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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1873, tome 14.djvu/23

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INTRODUCTION.

clef, ne pouvait certes pas être agréable à un catholique représentant de la très-catholique maison d’Autriche. Vereiken, loin de s’en déclarer content, se fût certainement tenu pour offensé d’un spectacle qui outrageait ses convictions religieuses, en présentant les prêtres papistes comme des brigands et des assassins. Évidemment donc la pièce qui charma si fort Vereiken dans l’après-midi du jeudi 6 mars, n’était pas et ne pouvait pas être l’ouvrage acheté et monté par Henslowe dès 1599. Qu’était-ce donc que cette pièce ? Eh bien, selon mon hypothèse, c’était la comédie même de Shakespeare, la comédie publiée en 1602 par le libraire Johnson sous ce titre : « Une comédie fort plaisante de Sir John Falstaffe et des joyeuses épouses de Windsor, comme elle a été diverses fois jouée par les serviteurs du très-honorable lord chambellan. » Au lieu de ce mot : Falstaffe, mettez ce mot : Oldcastle, et tout devient clair ; le problème qui depuis cent cinquante ans intrigue toute la critique est résolu.

Or, rappelons-nous ce fait incontestable et incontesté que le personnage bouffon, aujourd’hui si fameux sous le nom de Falstaff, porta dans l’origine le nom de tragédie d’Oldcastle. Le nom d’Oldcastle est encore lisible dans le texte de l’édition originale de Henry IV (sc. II, part. II) en tête d’une des répliques de Falstaff au grand juge. « À la première représentation de Henry V, écrivait du temps de notre poëte le docteur Richard James, le personnage à qui était confié le rôle du bouffon était non Falstaff, mais sir John Oldcastle : des descendants de ce personnage, qui portaient son titre, s’étant justement offensés d’une telle exhibition, le poëte fut forcé de recourir au maladroit expédient d’outrager sir John Fastolphe, un homme d’une vertu non moindre[1]… » Ainsi,

  1. Extrait d’une lettre récemment retrouvée à la bibliothèque dite Bodleian library.