Aller au contenu

Page:Sheridan - L Ecole de la medisance (Cler).djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

neveux qui, à ce que j’apprends, est un fieffé polisson, hein ?

Sir Peter. — Comme vous dites… Ah ! mon vieil ami, quel désappointement pour vous, hélas ! C’est un jeune homme perdu, en vérité. Par exemple, son frère vous dédommagera ; Joseph est vraiment un modèle. Il n’y a personne au monde qui n’en dise du bien.

Sir Oliver. — J’en suis fâché pour lui : quand on a une si bonne réputation, c’est qu’on n’est pas honnête. Tout le monde dit du bien de lui ?… Eh ! c’est qu’il a courbé l’échine aussi bas devant les coquins et les sots, que devant les hommes les plus distingués par le mérite et la vertu.

Sir Peter. — Comment, Sir Oliver ! vous le blâmez de ne s’être point fait d’ennemis ?

Sir Oliver. — Oui, s’il est digne d’en avoir.

Sir Peter. — Bien, bien… vous serez convaincu quand vous le connaîtrez. On est édifié à l’entendre ; il professe les plus nobles principes[1].

Sir Oliver. — Oh ! le diable soit de ses principes ! S’il me salue d’un lambeau de morale, il me donnera tout de suite des nausées… Mais cependant, comprenez-moi bien, Sir Peter, je ne prétends pas excuser les fautes de Charles : seulement, avant de me former une opinion sur le compte de mes neveux, j’ai l’intention de les éprouver. Mon ami Rowley et moi nous avons projeté quelque chose dans ce but.

  1. Mon frère, vous seriez charmé de le connaître,
    Et vos ravissements ne prendraient point de fin.

    (Tartuffe, — Acte I, scène vi.)