Aller au contenu

Page:Sicard - Le Jardin du Silence et la Ville du Roy, 1913.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Je change de pays, tu me suis de ta course.
            Rien de ton long destin
N’est affligé de deuil, et tu restes la source
            Quand je suis le bassin.

Voyageur ennivré de mille paysages
            Je voudrais, comme à Dieu,
Te cacher, sous des fleurs, la route du voyage.
            Puis-je tromper tes yeux ?

L’aurore des chemins et le poids des distances
            Sont trop greffés en moi.
Regarde donc, automne ! À ma lointaine enfanée
            La cendre fait un toit.

Que de jours, que de nuits, j’ai cru, dans ma pensée,
            Pouvoir te ressembler !
La roue de mon orgueil s’est maintenant brisée ;
            Mon rêve est envolé.

Quel regret tisserai-je et quelle jalousie,
            Puisqu’il me faut savoir
Qu’une raison se renouvelle quand la vie
            Ne va que jusqu’au soir ?