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Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/16

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Des poètes devenus dieux, celui qu’un jour
Le peuple couronna dans Arles, dont l’amour,
Élevé vers le ciel comme une meule blonde,
Fit d’une aire un pays et d’un pays un monde
Est mort. On nous a dit : la race des aïeux
Est dispersée… Le Maître est dans la paix de Dieu.




Ayez pitié de nous, Seigneur ! la tombe est close
     Et les fossoyeurs se sont tus.
La cendre et l’olivier l’entourent… Il repose…
     Seigneur nous ne le verrons plus !

Ruth, épouse blessée, hôtesse inconsolable,
     Ferme à double tour ton jardin.
Coupe le buis, romps le pain blanc, couvre la table,
     Répand sur la terre le vin.

Ayez pitié de nous, Seigneur ! L’humble servante,
     Vive comme l’été des fruits,
Ne viendra plus, avec sa voix éblouissante,
     Vers nous pour nous mener vers Lui.