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Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/62

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Vers les pauvres reflets de mon pélerinage.
          Je reprends, lentement,
La route défoncée où les tristes villages,
          Entre des arbres blancs,

Cahotent dans les murs écroulés et la cendre.
          Ce matin, d’un roulier
J’ai repris la charrette étroite pour me rendre
          Près de Moyen-Moutiers.

Il pleuvait. L’homme avait rabattu la capote,
          Il me montrait du poing,
Sur la plaine éventrée, la haine qui clapote
          Et ne se tarit point.

Le cheval nous traînait dans une boue épaisse.
          Au penchant d’un hameau
Le roulier dit : « Ces champs sont couverts de jeunesse »,
          Et je vis des tombeaux.

En chantant, des soldats du train des équipages
          Passèrent près de nous.
Leur fourgon ruisselait et des brins de fourrage
          S’accrochaient aux cailloux.