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Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/98

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Je suis fière, très-fière, & mes pleurs sont timides.
Ainsi je les recueille & les garde limpides
Dans le calme puissant & doux des vastes flots.

Puis, semblable à l’enfant qui se penche sur l’onde,
Lorsque mon front pensif s’incline sur ma main,
Mes regards abaissés plongent dans l’eau profonde
Du lac intérieur, dont la fraîcheur m’inonde
Et verse dans mon sang l’élément surhumain.

Toute âme porte en soi ce gouffre, cet abîme,
Puits sans fond, flot sans rive, espace illimité !
Dans cette sombre mer vient se laver le crime,
Et quand il a subi ce baptême sublime,
L’homme le plus souillé reprend sa pureté.

Comme du haut du ciel les étoiles tremblantes
Projettent sur les eaux leurs sillons fugitifs,
Ainsi mes pauvres morts aux ombres chancelantes,
Dans ce vaste océan fait de larmes brûlantes,
Transparaissent toujours à mes yeux attentifs.

Ce fidèle miroir aujourd’hui me retrace
Mon grand-père : c’est lui qui revient à pas lents,