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Page:Signac - D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme, 1911.djvu/129

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L’ÉDUCATION DE L’ŒIL

actuellement, soit à employer de plus belles matières ou de nouveaux procédés — comme, par exemple, la fixation directe des rayons lumineux sur des subjectiles sensibilisés ; mais, il faut le constater, ce sont les néo-impressionnistes qui ont su tirer des ressources actuelles le résultat à la fois le plus lumineux et le plus coloré : à côté d’une de leurs toiles et malgré les critiques qu’elle peut d’ailleurs encourir, tout tableau, si grandes que soient ses qualités d’art, paraîtra sombre ou décoloré.

Bien entendu, nous ne faisons pas dépendre le talent d’un peintre du plus ou moins de luminosité et de coloration de ses tableaux ; nous savons qu’avec du blanc et du noir on peut faire des chefs-d’œuvre et qu’on peut peindre coloré et lumineux sans mérite. Mais si cette recherche de la couleur et de la lumière n’est pas l’art tout entier, n’en est-elle pas une des parties importantes ? N’est-il pas un artiste, celui qui s’efforce de créer l’unité dans la variété par les rythmes des teintes et des tons et qui met sa science au service de ses sensations ?

6. Se rappelant la phrase de Delacroix : « La peinture lâche est la peinture d’un lâche », les néo-impressionnistes pourront être fiers de leur peinture austère et simple. Et si, mieux que la technique, c’est la passion qui fait les artistes, ils peuvent être confiants : ils ont